mariand: Jour 9. 8 janvier 2014. Escalade du mont San Appianu.

Levée tôt! A 7h30 pile, Doumé Fillipi est venu nous chercher à la porte. En route, le soleil s'est levé tout rouge sur la mer, super. Un peu plus loin, un autre ami, Toussaint Marchi, nous attendait avec un vieux Nissan 4x4 pour nous amener sur le col.
Alors l'histoire de cette histoire: un berger, Toussaint, avait comme rêve de construire un refuge sur le sommet de cette montagne, le mont Appianu, qu'il aimait. Il a aussi mis une croix, un drapeau corse (la tête de maure) et il voulait une statue du San Appianu, patron de la montagne. Je n'ai pas l'impression qu'il a demandé la permission à qui que se soit pour faire ça mais, voilà, c'est la Corse. Donc, pour faire ces travaux il a demandé de l'aide à Doumé, son ami ébéniste. Michel, quant-à-lui, travaille parfois dans l'ébénisterie de Doumé. Quand Toussaint a exprimé le désir d'avoir une statue de San Appianu, Doumé a demandé à Michel de la sculpter et, puisque Michel lui devait une faveur, il n'a pu refuser. Voilà donc pourquoi les deux Corses ont voulu montrer à Michel et à ses amis canadiens le fruit de leurs travaux de passion sur la montagne.
Retour à l'histoire d'aujourd'hui. Donc Toussaint nous embarque tous les 5 et nous conduit sur un chemin pas possible. Même avec un VTT je n'aurais pas osé conduire là dessus! Il conduisait très lentement, pas de souci comme ils disent, et nous sommes arrivés sain et saufs sur le col en dessous du sommet. De là, l'ascension n'était vraiment pas si difficile; oui elle était raide mais nous sommes arrivés en une heure et demie, lentement, et je n'ai pas eu de misère du tout et André non plus. D'abord c'était une chataignaie, ensuite une forêt de chênes verts magnifiques et, en haut, du bruyère et autres plantes du maquis. La vue du sommet est de 360 degrés! la mer à l'est et au sud! les montagnes à l'ouest et au nord... splendide! Le temps était beau, un peu frais, l'air était parfumé par une plante qu'ils appellent immortelle, proche de notre immortelle... et le silence était total.
Même si le refuge en pierres est modeste, le travail qu'il représente est herculien. Au début, Toussaint transportait le matériel avec des mules mais, pour transporter l'eau, le sable et le ciment, les pauvres mules ne suffisaient pas. Il a donc fait appel à un hélicoptère pour les matériaux les plus lourds. Je laisse aux photos le soin de vous montrer le résultat. Le petit oratoire pour San Appianu est prêt, il sera "intronisé" à sa fête du saint un peu plus tard avec une procession. Le comble est qu'aucun de ces hommes n'est pratiquant.
Comme bouffe, il y avait encore les fameux figuatelli cuits par Toussaint lui même... délicieux. Ensuite d'autres charcuteries vraiment bonnes, du pain, du vin... on peut dire que nous avons mangé du cochon comme des cochons. Le tout assez rustique avec des couteaux de poches.
Nico, le petit Saveriu et Thiebault sont venus nous rejoindre mais eux sont montés sans l'aide du 4x4!
Ce qui m'a le plus touchée c'est d'avoir pu partager un moment sincère avec des gens locaux. Ils nous ont montré leurs villages respectifs au pied de la montagne et nous ont raconté des histoires sans doute gonflées un peu, comme ils se les racontent entre eux. Ils ont allumé le feu dans le foyer mais celui-ci fumait; alors on a eu droit à une longue discussion : faut-il rétrécir l'ouverture, allonger la cheminée ou, carrément, la changer de place? Sujet que Doumé et Toussaint discutent depuis la première pierre. C'est beau d'observer ces deux hommes se passionner pour ce patrimoine, on voit qu'ils sont heureux d'être là haut et fiers de partager leur amour un peu nationaliste avec nous.
La descente s'est bien passée, même qu'André, Doumé et moi sommes descendus jusqu'en bas à pieds avec la dernière lumière du jour. Claude, Michel et Toussaint ont pris le 4x4 et se sont rendus jusqu'à la maison de Toussaint. Pour les récupérer, nous sommes allés chez Toussaint et nous avons eu droit à du Pastis, des histoires, etc. Un peu long après une journée chargée. Je m'en suis tenue à l'eau et je pense que ça m'a permis de rester en bien meilleure forme.
Nous sommes arrivés à la maison vers 20h; soupe Knorr aux pâtes et hop tout le monde au lit. André dort depuis longtemps mais je tenais a mettre par écrit cette merveilleuse journée pendant qu'elle était fraiche dans ma mémoire.